Le Shinkansen, le TGV japonais

Le Shinkansen, le TGV japonais

Si vous sortez de Tokyo lors de votre séjour au Japon pour rejoindre Kyoto, Osaka ou d’autres grandes villes japonaises, vous ne manquerez pas d’emprunter le célèbre Shinkansen (“nouvelle ligne” en japonais), le train à grande vitesse japonais. Il s’agit du premier service de train à grande vitesse mis en service dans le monde avec l’ouverture en 1964 de la ligne Tōkaidō entre Tokyo et Osaka. Le Shinkansen est aujourd’hui mondialement reconnu pour son confort, sa fiabilité, sa sécurité et sa qualité de service (ponctualité, propreté, fréquence, prestations).

Véritable succès commercial, le Shinkansen relie aujourd’hui les plus grandes villes des îles de Honshū et Kyūshū à une vitesse maximale de 320 km/h. Et le réseau continue de s’étendre, en particulier vers l’île d’Hokkaidō, au nord du Japon. Ce réseau dense de lignes à grande vitesse rend le Shinkansen incontournable pour les touristes visitant le Japon, d’autant plus qu’ils peuvent bénéficier de tarifs spéciaux avantageux (voir plus bas).

Un train à sustentation magnétique ?

Pour couper court à cette fausse idée répandue, non le Shinkansen actuel ne se déplace pas à quelques centimètres du sol en utilisant le phénomène de sustentation électromagnétique ! Comme notre bon vieux TGV français, le Shinkansen actuel roule sur des rails ! Mais un train à sustentation électromagnétique est bien en cours de construction : le Shinkansen Chūō. Il entrera en service entre Tokyo et Nagoya en 2027 (en principe), reliant les deux villes distantes de 300 kilomètres en seulement 40 minutes à une vitesse maximale de plus de 500 km/h ! La ligne sera prolongée jusqu’à Osaka en 2037 permettant de relier Tokyo à Osaka en seulement une heure et 7 minutes.

Comment prendre le Shinkansen ?

Si le Shinkansen offre une qualité de service remarquable, elle a un prix : le Shinkansen est cher … Compter par exemple environ 200 euros pour un aller-retour Tokyo - Kyoto ! Mais en tant que touristes, vous pouvez bénéficier du Japan Rail Pass. Le JR Pass vous permet de voyager de manière illimitée sur l’ensemble des lignes de la Japan Railways, y compris la majorité des Shinkansen. Pour plus d’informations vous pouvez consulter l’article sur le Japan Rail Pass.

Une fois muni de votre JR Pass, c’est simple : vous allez en gare, vous repérez sur les tableaux d’affichage le quai d’où part votre train (mais je vous recommande plutôt de passer par Google Maps ou une autre application du genre), vous passez votre JR Pass à la borne d’accès et vous vous installez dans une rame quand le Shinkansen arrive à quai. C’est la principale différence entre le TGV français et le Shinkansen : il n’est pas obligatoire de réserver ! Un mode de fonctionnement qui offre beaucoup de souplesse dans l’organisation de son voyage et permet de ne pas stresser de peur de rater son train, d’autant plus que les Shinkansen circulent à une fréquence impressionnante, parfois un train toutes les 10 minutes sur certaines lignes !

La réservation est cependant possible. Et il y a deux situations dans lesquelles il est recommandé (voire obligatoire) de réserver :

  • Sur les lignes les plus fréquentées, si vous transportez un bagage encombrant (dont la somme des dimensions hauteur / largeur / épaisseur dépasse 160 cm, une grosse valise par exemple), vous devez la ranger dans un emplacement prévu derrière la dernière rangée de siège de la rame. Et vous devez donc réserver une place dans cette dernière rangée de siège.
  • Les Shinkansen ne sont en général pas complets, à l’exception des périodes de forte affluence comme la Golden Week début mai. Si vous circulez à cette période et que vous voulez éviter de faire un Osaka - Tokyo debout, pensez à réserver !

La réservation est gratuite et peut se faire sur des guichets automatiques (pas toujours simples à comprendre, les japonais ont de gros progrès à faire en terme d’expérience utilisateur) ou au guichet … à condition de tomber sur un agent qui parle correctement anglais ! Des rames sont réservée aux places … réservées ! Si vous empruntez un Shinkansen sans réserver, prenez donc soin à monter à bord des rames marquées “No Reservation”.

Attention, le JR pass ne permet pas d’accéder à tous les Shinkansen. Certains services dits “Super Express” (des trains plus directs qui ne s’arrênt pas dans certaines gares et sont donc plus rapides) sont exclus du JR Pass. Si vous voyez donc un train Nozomi ou Mizuho, ne montez pas dedans avec votre JR Pass !

Un service incomparable !

La réputation du Shinkansen a fait le tour du monde et il faut bien admettre que la qualité du service fait d’un trajet en Shinkansen une expérience réellement plaisante. Et que les compagnies des autres pays, dont la SNCF, font pâle figure à côté !

Parlons d’abord fiabilité et ponctualité. Là où les TGV en retard (ne serait-ce que de quelques minutes) font partie du quotidien, les retards des Shinkansen sont exceptionnels : cumulés sur une année pour l’ensemble des Shinkansen, ils se comptent … en minutes, voire en secondes certaines années ! D’ailleurs rien n’est prévu pour les remboursements en cas de retard puisque les Shinkansen ne sont jamais en retard :) À la décharge de la SNCF les Shinkansen ont leur propre voie et sont donc moins perturbés par le reste du trafic. Mais cela n’explique pas tout et c’est l’ensemble du réseau ferroviaire japonais, y compris les petites lignes du quotidien, qui impressionne par sa fiabilité et sa ponctualité !

Parlons accès aux rames. Pas de marche à franchir pour monter dans le Shinkansen, ils sont au niveau du quai. Et pas d’escalier raide à grimper pour monter à l’étage car … il n’y en a pas, toutes les rames sont à un seul niveau. Un vrai bonheur quand on porte de lourdes valises ou que le poids des années ou une jambe dans le plâtre vous handicape !

Parlons confort. Si les sièges du TGV n’ont rien à envier à ceux du Shinkansen et que certaines rames de Shinkansen sont un peu “dans leur jus” niveau décoration, l’impression d’espace dans une rame de Shinkansen est toute autre : une allée centrale dans laquelle on peut se croiser sans s’assoir sur un passager assis (malgré des rangées de 5 sièges au lieu de 4 dans certaines rames), de la place pour étendre ses jambes (à tel point qu’on peut quitter une place côté fenêtre sans demander à son voisin ou sa voisine côté couloir de se lever), des toilettes bien plus vastes, … Et pourtant les rames de Shinkansen sont moins larges que celles du TGV de quelques centimètres. Mais où donc est passé tout cet espace ? Mystère …

Toujours sur le thème du confort, une particularité des Shinkansen est que tous les sièges sont dans le sens de la marche. Un vrai soulagement pour celles et ceux qui, comme moi, ont des hauts-le-coeur quand ils se retrouvent contre leur gré installés dans le sens inverse de la marche ! Les dossiers sont en effet inversables, et au terminus, avant de repartir dans l’autre sens, le personnel de bord retourne les sièges pour les mettre dans le sens de la marche !

Côté restauration, pas de wagon-restaurant dans les Shinkansen, mais un chariot qui passe dans les voitures pour proposer des boissons et des biscuits. Mais l’offre de restauration à emporter est telle en gare qu’on se passe volontiers des sandwichs médiocres et hors de prix proposés à bord du TGV. Le petit plaisir du Shinkansen d’ailleurs est d’acheter un ekiben, un délicieux plateau repas vendu dans une boutique en gare à un prix abordable, et de le déguster dans le train :)

On pourrait également parler de la proprété irréprochable, y compris dans les toilettes, du calme qui règne dans les rames (mais le comportement des passagers y est pour beaucoup), ou encore du personnel très serviable (et qui part du principe que vous êtes de bonne foi quand nous n’avez pas le bon billet au lieu de vous mettre tout de suite une amende).

Bon, on l’aime bien notre TGV quand même. Mais un peu moins quand on a goûté au Shinkansen :)

Un peu de poésie

Les japonais aiment mettre un peu de poésie dans le quotidien. Et pour les Shinkansen, on les retouve dans les noms dont ils ont baptisé certains services de Shinkansen. Vous pourrez donc monter à bord d’un train portant le joli nom de Hikari (lumière), Kodama (écho), Sakura (cerisier), Tsubame (hirondelle) ou encore Nozomi (espoir).

Dans un autre style de poésie, certains trains sont décorés avec des personnages pour enfants ou de mangas. Ainsi j’ai fait le voyage entre Hiroshima et Osaka dans un Shinkansen habillé aux couleurs de Hello Kitty (voir photo en haut de l’article) !

Et les séismes ?

Nul n’ignore que le Japon est régulièrement frappé par des séismes violents. Se pose alors légitimement la question du risque, en cas de tremblement de terre, de déraillement d’un train lancé à plus de 300 km/h sur des rails … Pourtant depuis sa mise en service en 1964, les déraillements sont extrêmement rares et n’ont jamais fait de victimes, le plus spectaculaire s’étant produit lors d’un séisme en 2004 (c’était la première fois qu’un Shinkansen déraillait !). En fait les lignes Shinkansen sont reliées à des sismographes qui détectent les moindres mouvements du sol et déclenchent un freinage d’urgence. En 2004, le Shinkansen est passé si près de l’épicentre que le délai de réaction n’a pas suffi à éviter le déraillement …