Mon Camping des Speakers 2023
- 19 juin 2023
Le Camping des Speakers est une conférence tech dont la deuxième édition s’est déroulée les 15 et 16 juin 2023 à Baden, à quelques kilomètres de Vannes dans le Golfe du Morbihan. Comme son nom l’indique cette conférence se déroule dans un camping, au milieu des touristes (en particulier hollandais puisqu’on est dans un camping !), au bord d’une superbe piscine, dans une ambiance plus propice donc aux vacances qu’au travail !
À côté des créneaux pour des conférences classiques, le Camping des Speakers encourage des sujets originaux sur le fond (avec des sujets qui s’éloignent de la tech) et sur la forme (conférences en extérieur, sans slides, …). Et le cadre détendu, en plein air, sous le soleil (comme toujours en Bretagne évidemment), favorise la convivialité et les échanges. Je n’ai jamais eu autant de contacts enrichissants avec mes pair.e.s que lors de cette conférence !
De mon côté j’étais présent car mon sujet “Et si on arrêtait de basher les ESN ?” a retenu l’attention des organisateurs qui m’ont proposé d’en faire une table ronde. Mais j’en parlerai dans un autre article ! Ici je vais plutôt vous parler des conférences que j’ai eu l’occasion de voir pendant ces deux jours.
Möbkky, le mob appliqué au Mölkky
Pas de séjour au camping sans une partie de Mölkky : c’est donc sur le terrain de pétanque que j’ai démarré mes deux jours de conférence ! Benoît Masson et Gwendal Leclerc, tous les deux développeurs chez OVH Cloud, nous ont proposé de découvrir le mob programming à travers une partie de Mölkky aux règles particulières avec des quilles … à l’envers ! Plus précisément le lanceur voit les quilles de dos et ne sait donc pas quel numéro est porté par chaque quille. Il doit donc s’appuyer sur la stratégie mise en place collectivement par ses coéquipiers pour savoir quelle(s) quille(s) viser. L’analogie avec le mob programming est évidente, avec le lanceur au clavier qui suit les instructions décidées collectivement par ses collègues.
Bon, avouons le, cette conférence était un peu un prétexte pour jouer au Mölkky :) Mais l’après-partie a été l’occasion d’échanges très intéressants sur le mob programming, sur les intérêts de cette méthode de travail, avec des retours et des partages d’expérience de celles et ceux qui la pratiquent. Cette méthode de travail me semble en particulier très adaptée pour du onboarding sur un projet ou pour diffuser la connaissance et les bonnes pratiques au sein d’une équipe. Une conférence qui m’a donné envie de tester en réel cette méthode de travail dont j’avais entendu parler sans la pratiquer !
Ah … Pour la petite histoire mon équipe a brillamment remporté la partie !
Event Driven, qu’est-ce donc ?! Un nouveau buzzword ?
Conférence en mode plus classique donnée par Céline Louvet, lead dev chez Shine. Pendant 45 minutes elle a fait un tour d’horizon des solutions autour de la gestion des événements dans un SI : asynchrone, message queuing, publish / subscribe, serverless. En s’appuyant sur des cas d’usage concrets, elle a expliqué les principes, les atouts et les inconvénients de chacune des stratégies.
C’est le genre de conférences pendant lesquelles on n’a pas l’impression de découvrir énormément de choses, mais où tout s’éclaire et toutes les pièces du puzzle se mettent à la bonne place ! Céline était très claire et très pertinente dans ses explications. Elle prépare une conférence du même type sur les permissions, j’ai hâte de découvrir ça !
D’un orchestre figé à un joli ballet aka comment on a propulsé notre monolith dans un pas de danse endiablé
On reste sur des sujets liés à l’event management avec la conférence tenue par Marie-Laure Momplot et Sébastien Viale, développeurs chez MichelMichelin ! (ceux qui ont assisté à keynote comprendront) Marie-Laure et Sébastien ont fait un retour d’expérience sur la refonte d’un monolithe de gestion de commande en microservices coordonnés grâce à Kafka. Et on parle d’un projet costaud, plus de 200 microservices ! Après une brève présentation de Kafka, ils ont expliqué la stratégie de migration et les problèmes techniques qu’ils ont rencontrés pendant ces années de migration, avec quelques conseils pour ne pas tomber dans les mêmes pièges.
Ne connaissant Kafka que de manière théorique (je fais essentiellement du front), je dois avouer que j’ai eu du mal à suivre les problématiques, dont certaines spécifiques au contexte du projet. Mais j’ai au moins compris que Kafka ce n’est pas aussi simple que ça en a l’air et qu’il y a plein de petites options cachées tout au fond du tiroir qui changent tout ! En conclusion de la conférence, Marie-Laure et Sébastien ont repris et adapté une déclaration de Patrick Bruel à propos du poker : “Il faut 5 minutes pour découvrir Kafka mais toute une vie pour le maîtriser !“. Avec du recul, j’aurais bien aimé avoir à la fin de cette conférence un retour sur les gains apportés par cette refonte (performances, coûts, fiabilité, maintenabilité, …)
Sous le capot des navigateurs web
On utilise des navigateurs web tous les jours, mais comment fonctionnent-ils ? C’est la question à laquelle a répondu Anthony Le Goas, directeur de l’agence Zenika de Brest, passionné de développement front (et en particulier de Svelte). Anthony a décrit les différentes briques qui composent un navigateur et s’est en particulier intéressé au fonctionnement du moteur de rendu, le coeur du navigateur. Il en ressort quelques astuces qui permettent d’améliorer les performances du rendu d’une page HTML, comme par exemple l’utilisation de “display: none” en CSS qu’il recommande d’éviter en faveur de la propriété CSS “visibility” car elle évite de rafraîchir l’ensemble du render tree.
J’avais déjà lu un résumé de cette conférence donnée il y a quelques semaines au Web2Day à Nantes. Mais c’est toujours mieux de voir les conférences en vrai ! Le sujet est intéressant et les explications données par Anthony très claires. En cherchant un peu vous devriez trouver la vidéo de la conférence sur Youtube :)
L’intelligence artificielle expliquée en 20 minutes !
Expliquer l’intelligence artificielle en 20 minutes : c’est le défi qu’a relevé Stéphane Philippart, devrel chez OVH Cloud. Et n’ayant qu’une idée assez imprécise de ce qui se cache derrière le terme d’IA, c’est exactement le talk qu’il me fallait ! Stéphane a présenté les grandes disciplines de l’IA (machine learning, deep learning, …) et expliqué qu’une grosse partie du travail des spécialistes de l’IA c’est de traiter des données pour nourrir les modèles d’IA. Et un rappel important à l’heure de Chat GPT : l’IA ce sont des probabilités, pas des vérités / certitudes !
Pas simple d’expliquer dans les grandes lignes l’IA en seulement 20 minutes, et Stéphane y est parvenu. Prochain défi relévé pour une prochaine conférence : faire la même en 15 minutes. Aïe …
”Ce qui se dit au camping des speakers reste au camping des speakers”
“Ce qui se dit au camping des speakers reste au camping des speakers” : c’était une des consignes données par les organisateurs lors de la keynote d’ouverture. Par respect pour la personne qui a eu le courage de parler des moments douloureux qu’elle a vécus et qu’elle vit encore, je ne donnerai donc pas trop de détails sur cette conférence. Mais elle a fait écho à une période que j’ai vécue il y a quelques années, sans heureusement en arriver au même point.
Juste quelques réflexions que m’a inspirées ce retour d’expérience et mon vécu personnel :
- La bienveillance commence par la bienveillance envers soi-même.
- Il ne faut jamais perdre une occasion de féliciter ses collègues et ses pairs ! Dans un secteur où les évolutions techniques rapides impliquent une remise en question permanente, où le syndrôme de l’imposteur est répandu, où le perfectionnisme tourne facilement à l’insatisfaction et à l’auto-dénigrement systématiques, un commentaire positif extérieur fait toujours un bien fou ! Dites donc merci ou bravo dès que l’occasion se présente !
- N’hésitez pas à parler, à faire part de vos difficultés, en particulier à votre manager. Être avec ses collaborateurs dans les moments difficiles, c’est à ça qu’on reconnaît les bons managers !
- Dans un métier où on est nombreux à être passionnés, il faut accepter que certain.e.s le voient comme un métier alimentaire. Et ce n’est pas toujours simple …
Quand la reconversion s’avère plus difficile que coucher un rhinocéros à la demande
C’est mon coup de coeur de cette édition du Camping des Speakers ! Pour la keynote d’ouverture du deuxième jour, les organisateurs ont proposé à Solène Lapouge (Apside Top) de raconter son parcours. Une volonté dès 3 ans de devenir “soigneuse d’éléphants”, un parcours scolaire semé d’embûches et de “ce n’est pas un vrai métier”. Mais un rêve réalisé à force de volonté puisque Solène finit par travailler comme soigneuse dans des parcs zoologiques.
Mais le rêve prend fin brutalement suite à un accident de moto qui l’amène à une première reconversion en tant que formatrice. Mais l’aggravation d’une maladie invalidante et le confinement de mars 2020 mettent fin à cette première reconversion. Il y a aussi de l’amour dans ce parcours, car c’est grâce à son copain qu’elle pense à une reconversion dans la tech. Et dans une période de doute, c’est une visite à la première édition du Camping des Speakers qui lui donnera la motivation supplémentaire pour suivre une formation, s’accrocher et saisir la main tendue par une ESN, Aspide Top, pour trouver sa place dans le monde de la tech. Une histoire pleine de rebondissements, de hauts et de bas, et qui finit bien, racontée avec de l’émotion et de l’humour !
J’ai une sincère admiration pour ces parcours de reconversion, pour ces personnes qui font le choix (parfois imposé) de repartir de zéro. Mon parcours personnel et professionnel a été linéaire, je fais ce que je veux faire depuis que je suis ado, je n’ai jamais connu le chômage, la vie n’a (pour l’instant) pas placé de gros obstacles sur mon chemin. Et je ne sais pas si je serais capable du jour au lendemain de faire un “reset”. Ma boîte offre sa chance (et on peut en être fiers) à beaucoup de personnes en reconversion. Ce sont des collègues motivé.e.s, toujours reconnaissant.e.s pour la main tendue, des personnes qu’on a envie d’aider. Et des personnes qui, à défaut d’être tout de suite à l’aise techniquement (mais comment leur demander d’acquérir en quelques mois ce qu’on met des années à apprendre en fac ou en école d’ingénieurs ?), apportent beaucoup par leur vécu. Et Solène en a très bien parlé pendant sa keynote, expliquant comment les valeurs d’agilité, d’adaptabilité, de relations au client, de travail en équipe lui étaient familières dans ses anciennes vies professionnelles. Bref, donnez leur chance à ces personnes en reconversion et elles ne vous décevront pas !
Comment gérer des journées de 35h ?
Sylvain Gougouzian a de nombreuses casquettes. Et même de très nombreuses casquettes ! Consultant pour Zenika, il est également chef de deux orchestres, porte la responsabilité RH de l’association derrière ces deux orchestres (15 personnes), assure des cours de trompette, est musicien dans une banda, se montre actif sur l’open source, est membre d’une communauté de gamers, streamer, a un projet de Web TV, fait un peu de politique et encore d’autres choses ! Tout en menant une ville de famille avec deux enfants. Et en plus il prend le temps de participer à ma table ronde sur les ESN ! De quoi suspecter Sylvain d’avoir en fait envoyé un hologramme au Camping des Speakers ?
Comment fait-il pour gérer cet agenda de Premier Ministre ? Sylvain a expliqué comment son expérience de chef d’orchestre avait formaté son cerveau pour paralléliser les tâches et anticiper. Il a également donné quelques conseils comme le Rainbow Calendar, le fonctionnement en asynchrone (utilisation des messageries instantanées), le zero inbox ou encore la mise en place de routines qui mettent le cerveau en zone de confort. Quoi qu’il en soit, malgré ces tips d’organisation, je suis impressionné par la capacité de concentration et de remobilisation du cerveau qu’implique une telle hyperactivité !